Gregory Felzines, Théâtre de La Gargouille

Gregory Felzines, Théâtre de La Gargouille

20 novembre 2020 Et maintenant c'est quoi le plan ? 0

Bonjour Grégory Felzines. Vous êtes acteur, comédien, metteur en scène au théâtre de la Gargouille. Pouvez- vous nous présenter rapidement, à la fois la structure et vos activités ?

Nous sommes une compagnie itinérante. Nous installons notre chapiteau en milieu rural, en Dordogne et jusque dans les départements environnants. Nous nous installons dans les communes pour faire découvrir le théâtre et les arts du cirque à l’école du village.

C’est un cursus de trois semaines pendant lequel les élèves se consacrent à l’art du théâtre du cirque et préparent un petit spectacle qui sera présenté à la fin de notre session. C’est le but de la Gargouille, amener la culture en milieu rural, là où souvent elle ne se déplace pas forcément, et où les personnes n’y ont pas accès régulièrement.

Parlons de la période actuelle. Les personnes sont de nouveau confinées, les lieux ferment au public, les représentations et les concerts sont annulés. Comment, à la Gargouille, vivez-vous (et avez-vous vécu) cette situation particulière?

Le premier confinement a été plus mal vécu. Beaucoup de représentations ont été annulées, ce qui a représenté un manque financier et culturel important pour la compagnie. Pour ce deuxième confinement, nous avons la chance, entre guillemets, de pouvoir répéter, puisqu’il tombe sur une période de création. Cela nous laisse la liberté de continuer à travailler, on en profite au maximum.

Mais, parallèlement d’autres activités comme nos cours de théâtre et de cirque,sont annulés. Nos élèves réguliers, adultes, enfants ou ados, ne peuvent pas réaliser leur art. De même, le mois de décembre risque d’être plus compliqué puisque plusieurs dates sont annulées.

Concernant justement les annulations, quelles sont les contraintes qui ont causé ou qui résultent de ces annulations ?

Il va forcément y avoir des conséquences financières. Nos inquiétudes portent davantage sur le futur que sur la période actuelle.

Quels risques pourrait amener cette crise ?

On est plein d’incertitudes en fait. Notre très cher Président nous a octroyé le prolongement de notre intermittence jusqu’en août 2021. Notre inquiétude c’est et surtout ce qui va se passer après. Est-ce ce qu’on sera assez fort financièrement pour pouvoir tenir. Je pense que c’est la question que se posent beaucoup de compagnies en ce moment. Nous avons, à la Gargouille, la chance d’avoir à disposition un lieu de création, notre théâtre, qui nous permet de continuer à travailler. Pour des compagnies qui n’ont pas de lieu, cela est beaucoup plus compliqué.

NDLR : La troupe de La Gargouille est actuellement en train de monter la pièce VOLPONE, d’après Stefan Zweig et Jules Romain. Elle devrait se jouer, “si la Covid le permet” le 13 février prochain à l’auditorium de Bergerac.

Et le fait de fermer le lieu. Est-ce qu’il n’y a pas aussi un risque de voir se distendre la relation qui existe entre la gargouille et les personnes qui fréquentent ses propositions?

La gargouille existe depuis longtemps, nous possédons une famille de spectateurs solide. On aura toujours des spectateurs qui nous soutiendront et reviendront dès que cela sera possible.

Malgré tout, ce n’est peut-être pas comme dans un restaurant ou le restaurateur sait que les personnes reviendront le jour de la réouverture. Dans le domaine culturel, la fermeture est peut-être plus dommageable. Est-ce que lorsque les salles seront rouvertes les personnes reviendront aussi facilement, est-ce qu’il y aura encore des craintes par rapport à la proximité des personnes, c’est difficile à dire.

On parle des restaurants, j’en profite pour rebondir sur la question qui s’est posée de savoir quelles sont les activités à caractère essentiel en période de crise. Est-ce que la culture est essentielle ?

Je pense que la culture est plus qu’ essentielle, surtout dans ces périodes-là. Et c’est à nous artistes de réfléchir au moyen de continuer à diffuser notre message, à dire des choses, être imaginatif, peut-être passer par les réseaux sociaux.

Il faut se dire que tout ça ne peut pas s’arrêter, que les gens ont forcément besoin de culture. Que le théâtre, la musique, comme tous les arts vivants, sont primordiaux pour l’espèce humaine. C’est ce qui permet de réfléchir à la situation que l’on vit actuellement et sur notre situation d’être humain en général. Ce questionnement sera toujours présent et il n’y a pas de raison que cela disparaisse.

Malgré tout, il faut qu’on trouve les moyens, si cela devait continuer, si l’on devait à nouveau être confiné, il y aura des questions à se poser. Notamment en ce qui concerne les artistes locaux, réfléchir à comment se rassembler et comment continuer à propager notre culture, peut-être sous des formes différentes. Cela va peut-être aussi pousser le monde artistique à trouver d’autres solutions pour s’exprimer. J’ai envie de penser qu’il peut y avoir un côté positif à cette crise.

La situation est compliquée et il nous faut nous battre pour nous faire une place, surtout si la situation devait continuer. Je lisais justement ce matin un article sur des danseuses classiques qui allaient danser au milieu des rayons du supermarché. C’est peut-être une solution, s’ils restent ouverts, pourquoi ne pas faire le forcing pour faire vivre l’art dans ces lieux là, même s’ils ne sont pas forcément adéquats. Pourquoi pas ce genre d’action ? En tout cas, cela pose question. Pourquoi tel lieu ferme-t-il et pas tel autre ?

Pour terminer, mais tu as déjà commencé à aborder le sujet, je voudrais aborder ce fameux monde d’après dont on parle beaucoup. À quoi selon toi faudrait-il ou ne faudrait-il pas qu’il ressemble ?

Je ne sais pas. Il faut y croire à ce “monde d’après” ! Dans tous les cas, on peut espérer retrouver une normalité. C’est surtout ça, je pense, qui est important. Le monde sera toujours à changer, Covid ou pas Covid. Il faut continuer à se battre à y croire c’est tout. Il n’y a pas d’autres solutions, je crois.

– Grégory Felzines pour le Théâtre de La Gargouille

Interview réalisée le 19/11/2003 par A. Hoppenreys  pour l’association Overlook / Le Rocksane.

Et maintenant c’est quoi le plan : Série d’Interviews réalisée par l’association Overlook auprès des acteurs culturels du grand Bergeracois. À lire et à écouter au fil des jours sur www.rocksane.com.

Liens vers le Théâtre de la Gargouille

Web : www.theatredelagargouille.com

Facebook : Théâtre de la Gargouille – Home

Et maintenant, c’est quoi le plan ?

20 novembre 2020 0

Et maintenant c’est quoi le plan ? Face à la crise qu’est-ce qu’on fait ?

L’association Overlook plutôt que de s’interroger entre 4 murs (du Rocksane),se disait que c’était peut-être le moment de pousser la réflexion au-delà. De questionner ceux et celles qui, autour de nous, participent à développer l’offre culturelle.

C’est la crise et quoi ? Quel(s) impact(s) sur les projets, les activités ? Quelles contraintes ? Quels risques ? Qu’est-ce qui est essentiel ? De quoi sera fait demain ?

On s’est dit que ces questions on allait les poser à voix haute et sous forme d’interviews à ceux et celles qui dans leur métier, dans leur engagement bénévole, continuent sur le terrain d’imaginer la parade pour faire (re)vivre les propositions culturelles sur notre territoire.

Et maintenant c’est quoi le plan : Série d’Interviews réalisée par l’association Overlook auprès des acteurs culturels du grand Bergeracois. À lire et à écouter sur www.rocksane.com.